Du Grand Canyon a Page (nord Arizona)

Publié le par famille Lacheray

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Apres 3 jours passes au coeur du Grand Canyon, nous replions le camp. Il va falloir une journee aux cyclistes pour rejoindre la sortie est du parc a 25 miles, tout en profitant des points de vue. Marie a trop mal au cote gauche. Elle ne reprend toujours pas le velo. Elle est prise en stop par un camping car en 5 minutes par des suisses allemands avec Colombe, velo et charrette. Elle retrouvera le reste de la troupe en fin de journee a Desert View. C'est la larme a l'oeil qu'elle s'eloigne en camping car : quelle frustration pour elle de ne pas pouvoir pedaler avec sa famille, profiter du paysage ... En 1 heure, elle a fait le parcours, autant dire qu'elle n'a rien vu, alors qu'il y a tant a voir !
Colombe est bien sage sans les grands qui l'asticottent, et le reste de la journee se passe a l'ombre sur les matelas, non loin d'une vue epoustouflante sur le desert navajo en contrebas et  les meandres du Colorado avant le Grand Canyon.
Les sportifs arrivent enfin. Lors de la pause du midi ils ont rencontres un cyclo-touriste americain qui parcourt les USA d'ouest en est.
On decide de s'installer dans le camping encore ferme : quel luxe : bancs et table, sol tout doux pour mettre la tente, et coin feu. En 5 minutes, les enfants ont ramasse de quoi illumine notre soiree avec un petit feu ! C'est bien agreable tout ca !
Le lendemain, c'est de la descente prevue pour les cyclistes. Cette fois, Marie est prise en charge par des hollandais, qui la deposent a Cameron. En quittant le Grand Canyon, nous entrons en territoire Navajo.
Cameron en plein desert se resume a quelques stations essences et boutiques d'artisanat indien. Comme c'est etrange tout a coup de ne voir que des indiens ou presque. On les a tellement vus en film ou dans les livres, on a tellement dit qu'ils avaient disparu, qu'on n'imaginait pas en voir autant d'un coup ! Quel bonheur, on voudrait les toucher, leur dire combien on a aime l'approche de la nature de leurs ancetres, les entendre nous conter des histoires, mais tout ceci n'est pas possible bien-sur !

Fred creve (premiere crevaison depuis le debut du voyage) en pleine descente, en prenant une photo !  Le pneu est bien entaille et occasionne 2 trous dans la chambre a air. Il aura fallu 1 heure pour decharger le velo, demonter la roue arriere, demonter le pneu et la chambre, coller 2 rustines et une bande de caoutchouc dans le fond du pneu pour consolider la coupure, puis tout remonter.
Il fait une pause travail scolaire avec les enfants, leur apprend un poeme pour la fete des meres, parcourt quelques boutiques d'artisanat navajo, et profite du paysage unique : le plateau desertique est eventre par le canyon du petit Colorado. Cette faille, a taille "plus humaine" que le Grand Canyon, est impressionnante.
Marie attend plus bas  a l'ombre a la station essence ...! Le bonheur, quoi !

La troupe arrive vers 17 h. Le temps de faire quelques courses, et on decide d'essayer d'aller jusqu'a Page en stop, aujourd'hui. C'est tout droit, sans eau, sans bande d'arret d'urgence, et le temps passe !
C'est Gerald qui s'arrete, avec son pick up. C'est un indien navajo par son pere et anglais par sa mere.  Il habite a mi-chemin de Page et en plus de charger tout notre bardas, il nous invite chez lui, on est tout excite ! La route est magnifique, le vent a forme des dunes grises et dessine des formes dans les montagnes rouges...
Gerald nous parle un peu de sa famille : il habite un campement de ...mobil homes sur le territoire de la famille de sa femme. Traditionnellement, es hommes quittent leur famille pour rejoindre celle de leur femme apres le mariage. C'est elle qui s'occupe de la maison, des enfants, alors il dit que s'il partait, il n'emporterait rien, ( sauf son pick-up) tout appartient a l'epouse. Il dit aussi que son grand-pere aurait des tas d'histoires a nous raconter car c'est un Chaman, mais il habite a 2 h 30 de chez lui...  
Gerald quitte la route, contourne des collines rouges et s'arrete devant son mobil home. Nous sommes entoures de collines ocres, et c'est le coucher du soleil. Les enfants courent direct au sommet de l'une d'elles s'inventant 1001 histoires... Colombe revient en nous disant qu'il y a des loups !
Gerald ne connait personne d'autre que sa belle soeur qui habite en face.
Il y a un petit corral avec quelques chevaux sans ombre, et deux autres mobil homes.
Il nous dit de nous installer dans l'un deux qui sert a sa famille quand elle vient le voir. Puis il nous laisse rentrer chez lui pour nous laver et prendre de l'eau. Partout au mur des photos d'indiens de la famille. Que l'on aimerait que ces photos parlent !
Tard, son epouse rentre avec ses 3 enfants dont Romeo qui a l'age de Juliette ! Cette femme est institurice.
Tout le monde rentre chez soi, et nous n'en saurons pas plus.

Le lendemain, vendredi 8 mai, Gerald ne travaille pas, et propose de nous emmener jusqu'a Page, tout au nord de l'Arizona, non loin du lac Powell, le 2eme plus grand lac artificiel du pays : il a fallu 17 ans pour le remplir !
Nous sommes surpris a notre arrivee, nous imaginions la ville beaucoup plus grande ! Elle est construite sur 2 niveaux, en plein desert.
Nous demandons a Gerald de nous poser a la bibliotheque ou il y a toujours internet, pour faire quelques mails.
Fred s'en va dans une boutique de velo et repere le supermarche. Apres quelques courses, nous nous ecartons de la route principale et frappons a la 1ere maison dont le petit jardin a une belle herbe verte, grace a l'arrosage bien sur. Juste ce qu'il faut pour planter nos tentes.
Nous sommes chez Mike et Debbie qui disent oui, comme toujours, et ne mettent pas longtemps a nous proposer les 2 chambres inoccupees.
Mike se met aux fournaux et nous dinons tous ensemble, avec leur fille de 16 ans Shelby et son petit copain Justin.
Tout le monde est passe a la douche, la machine a laver tourne... 

Samedi 9, nous souhaitons aller marcher a Antilope Canyon, a 6 miles de la. Mike m'emmene avec Colombe, les autres pedalent, meme si les enfants ralent un peu : il fait chaud et pas un poil d'ombre sur la route !
Antilope Canyon est en territoire navajo, le site est donc gere par eux. Les prix sont hallucinants, mais on est la, on y va !
Ce canyon est une faiile invisible si l'on s'eloigne de quelques metres. Il a ete decouvert par une bergere dans les annees 50. Il est comme un coup de poignard dans cette terre rouge, et nous deambulons dans ce couloir parfois pas plus large au sol que notre chaussure, sans avoir assez d'yeux pour tout voir. Notre guide va beaucoup trop vite, quel dommage !
 Alors que mike me ramene chez lui avec les 2 plus jeunes, Fred, Quentin et Juliette vont admirer un meandre particulier du Colorado : Horse Shoe : le fleuve y contourne un enorme rocher aux multiples couleurs.

Dimanche 10 mai, c'est la fete des meres ici ! Les enfants m'offrent  un magnifique collier navajo, une rose, et me recitent a l'unisson une poesie de Maurice Careme photocopiee avant de partir. Que d'emotions !
Nous sommes prets a partir jusqu'au Lac Powell ou il y a un camping. Ce n'est pas bien loin et je vais essayer de pedaler.
Mais une idee me trotte dans la tete : avant d'attaquer la serie des parcs de l'Utah, je souhaiterais me rendre dans un hopital faire un bilan : j'en ai marre de gacher ce voyage avec ces maux qui n'en finissent pas !
On sort la carte, et finalement, Mike me dit qu'il y a un tres bon hopital tout pres et qu'il peut m'emmener tout de suite. Allons-y, on sera peut-etre fixes !
Aux urgences, j'ai la chance de tomber sur une medecin quebecoise. Je peux donc raconter tous mes soucis en francais, depuis mes rougeurs sur la jambe gauche apparues il y a 6 semaines, jusqu'a cette nuit a Sedona ou j'ai eu si peur :
elle me fait faire une echographie de la jambe, verdict : phlebite, c'est a dire caillots de sang dans la jambe. J'enchaine donc sur une radio 3D des poumons, bingo : ce que j'ai eu cette fameuse nuit dans la tente a Sedona, ce n'est pas du tout une pleuresie, mais une embolie pulmonaire !!! 
Autrement dit, j'ai echappe par miracle au pire,  et je reviens de loin !
J'appelle Fred en larmes pour lui dire le verdict, et lui passe le medecin pour qu'elle lui explique ce qui va maintenant se passer pour moi. Sans traitement toutes ces semaines et en plus faisant du velo, c'est un miracle que les caillots n'aient pas fait plus de degats...

Je suis acceptee au service juste a cote des urgences ou je reste 5 jours. L'hopital ne ressemble en rien a celui du feuilleton Urgence. J'ai plutot l'impression d'etre dans une clinique privee de Neuilly. Tout est luxe et si calme. Mais pour les repas, note : 1/10 !!
Cela me fait drole d'etre a l'hopital sans nouveau-ne : j'ai toujours ete en tres bonne sante et n'ai frequente l'hopital que pour y accoucher !
Pendant mon sejour, prises de sang quotidiennes, tension toutes les 4 heures, capteurs partout sur le torse et piqures 2 fois par jour pour fluidifier mon sang et aider les caillots a  se resorber. Mais pour cela il faudra 4 a 6 semaines. 
Mike et Debbie gardent la famille chez eux et gatent les enfants : pancakes, muffins, et meme petits cadeaux comme des perles, des coloriages. et des petites voitures. Que de generosite ! Les enfants m'apportent tous les jours colliers et bracelets !
Pendant ce temps, Fred assume tout, et emmene meme les enfants au lac en accrochant la charrette au tandem !
Le surlendemain, il me laisse Colombe et va faire du canoe sur le lac avec les 3 grands. Il assiste aussi a une journee portes ouvertes des pompiers et les enfants montent dans l'helicoptere (a l'arret) et repartent avec des cadeaux.
Il est creve ! Il assume a fond son conge parental !

Il nous faut organiser la suite du voyage : au bout de 3 jours a l'hopital, le medecin americain et les medecins de l'assurance en France acceptent que je reparte sur les routes, mais pas en velo bien sur, ca, c'est fini pour moi pour les 6 prochains mois au moins. Rentrer en France, on n'en n'a pas du tout envie, et l'avion m'est completement contrindique pour le moment.
On decide donc d'acheter une voiture pour moi, tandis que le reste de la famille pedalera. Fred prendra parfois le tandem avec Mailys, parfois mon velo avec la charrette et Colombe pour que les 2 plus jeunes se relaient dans la voiture. Car si on ecoutait Mailys, elle ne pedalerait plus ! 
Nous souhaitons continuer le plus possible comme avant, meme si la voiture nous apportera forcement des avantages et denaturera un peu l'essence premiere du voyage : un coffre pour mettre les sacoches (c'est pas le bagne non plus ! ), un grand stock d'eau et de nourriture, et la possibilite de faire des extras non prevus au depart comme Monument Valley.

En 2 jours, Fred trouve le bijou qu'il nous faut (il est trop fort ! ) : un gendarme vend un pick up 4X4, double cabine avec l'arriere ferme. Le luxe quoi ! Cela nous permettra de mettre tout notre materiel pour les etapes ou l'on prevoyait de faire du stop ou de prendre le train au Canada.
Il faut bien trouver des avantages a notre nouvelle situation, meme si c'est un dechirement pour moi de perdre ces plaisirs que seul permet le voyage a velo et de ne plus suivre mes cocos le casque visse sur la tete..

Ce soir,15 mai 09, ca y est, on a la voiture, Fred a regle les problemes de paiement, d'assurance, quelle efficacite ! Je le remercie ici "publiquement " pour tout ce qu'il a fait pour nous toutes ces semaines ou je n'etais pas bien, depuis le Mexique, toute cette semaine ou j'etais a l'hopital et ou il a assure de tous les cotes.

Quant a Mike et Debbie, nous ne pourrons jamais assez les remercier de tout ce qu'ils ont fait pour nous, ils ont fait pour nous ce qu'ils auraient fait pour leurs propres enfants.

En fin d'apres-midi, Fred a ete au supermarche, il a croise le proprietaire de la voiture qui remplissait un caddie...pour nous avant de nous amener la voiture ! Fred avait des choses dans son caddie, il a pris tout ce qui avait un lien avec le camping et l'a mis dans son caddie ! Fred avait pris 2 recharges de gaz, il a ete en achete 8 autres ...!!!
Quand ce soir nous avons ouvert l'arriere du pick up, on a hallucine : Shawn (le vendeur) nous a achete une grosse lampe et une douche de camping, des litres et des litres de jus de pomme, eau, et boissons energisantes. Des bonbons, des chamallows et chocolat a faire fondre dessus pour nos feux de camp, et j'en oublie bien-sur. Il y avait aussi, sorti de son garage  : un siege auto, 2 fauteuils de camping, une grosse glaciere... La generosite des americains est-elle sans limite ?!!!
Croyez-nous, les americains dans ces contrees n'ont rien a voir avec l'idee que l'on s'en fait en France.

Aujourd'hui j'ai quitte l'hopital et je me sens bien. Nous partirons demain en direction de l'ouest et de l'Utah : Coral Pink Sand Dunes State Park, puis Zion, Bryce.
Chaque semaine, je dois faire une prise de sang pour verifier la fluidite de mon sang et ajuster le traitement si necessaire. Les infirmieres ont regarde la carte de notre parcours dans l'Utah, cherche ou il y avait des hopitaux, photocopie les cartes des villes pour que je localise les hopitaux...  Le medecin m'a donne ses coordonnees personnelles afin que je l'appelle a chaque prise de sang. Vous n'imaginez pas la gentillesse des americains a notre egard...

Quand on prepare un voyage comme celui la, on pense a beaucoup de choses qui pourraient arriver : velo vole, bras casse... mais pas de cet ordre la !
Ainsi va la vie, le voyage continue, et on espere encore vous en mettre plein les yeux avec nos photos meme si je ne les prend plus du haut de ma selle !
Esperons que nous n'aurons plus d'autre soucis majeur !

A bientot pour la suite dans l'Utah !

Publié dans Carnet de bord USA

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G
Hello,<br /> <br /> Ma soeur Béa et moi suivons votre aventure et quel choc émotionnel en lisant vos dernières news! Nous avons beaucoup prié et pensé à vous avec la grippe...mais loin de moi votre récit des derniers jours...Be careful Marie!!<br /> Ici à Annecy, ambiance estivale et de vacances ce grand we de l'ascenscion:) En général,le mois de juin est difficile pr les écoliers car la tenttaion de la plage est souvent plus forte que celle des devoirs...et la sortie des classes est anticipée par de nombreuses familles!!!<br /> Le soleil fait du bien et permet de passer de bonnes journées gaies et toniques.<br /> Bises et prenez soin de vous. Guillemette
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F
Nous sommes très émus à chaque nouvel épisode. Nous nous identifions tellement à vous que nous pleurons (de peur et de joie) ! Nous avons mal pour vous et nous nous régalons en même temps de vos découvertes , de vos rencontres et de vos photos. Vous changez vraiment notre regard sur les gens, nous sommes vraiment étonnés par les américains, la prochaine fois que nous voyons un paumé à Paris, nous ne nous contenterons pas de lui indiquer le chemin, nous le raccompagnerons à son hôtel ! Bravo et nous vous embrassons très fort. S'il vous plait ménagez nous un peu, faites attention à vous
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Z
Merci pour vos commentaires richissimes et pour vos superbes photos...je me régale à chaque fois. Prends bien soin de toi Marie,"qui veut aller loin ménage sa monture"; l'essentiel est d'aller au bout .Nous préparons activement notre concert( dans moins d'un moins ) et l'année scolaire sera finie ! Courage à tous,bonne santé Marie. Bien amicalement. FZ ( gd mère d'Anatole )
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A
Beaucoup d'émotion à la lecture de ce dernier article. Oui, chère Marie, vous revenez de loin, dans tous les sens du terme ! J'en frémis ! Je suis heureuse que vous ayez pu vous faire soigner correctement. Bravo à Fred, aux enfants. Maintenant, profitez tranquillement de la suite du voyage. Pas d'excès, de nombreuses joies, d'innombrables découvertes... mais aussi du repos, du temps pour vivre en douceur et en harmonie avec la nature et tous les gens que vous rencontrez.<br /> Affectueusement,<br /> Annie-Anikô :-)
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D
Bonjour à toute la famille Lacheray, vous nous permettez de voyager au travers de votre récit et photos. Une pensée particulière à Marie, nous te souhaitons un bon rétablissement, et bravo aux champions de la pédale.Bises Nathalie Desplanques<br /> bonjour juliette la championne du vélo ça va ici tout va bien, alors les américazins sont sympas ? gros bisous gaspar
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